(Enseignement d’un maître zen Shohaku Okumura)
Il nous arrive de fonctionner d’une manière qui n’est pas salutaire et en désaccord avec le bien-être de la réalité universelle.
En effet, la société humaine a tendance à avoir la même relation à la Terre que les cellules cancéreuses ont avec leur hôte, le corps.
Le cancer est un phénomène paradoxal. Bien que les cellules cancéreuses fassent partie d’un organisme hôte, elles n’en suivent pas les directives. S’il n’est pas traité avec succès, le cancer croît de lui-même jusqu’à la mort de l’organisme, et en conséquence, le cancer meurt aussi.
Je pense que la civilisation, conçue à partir du désir de bonheur et de prospérité de l’humanité, fonctionne au sein de la nature de la même façon que des cellules cancéreuses agissent avec le corps.
Les êtres humains font partie de la nature mais ils ont produit une société qui s’est mise à évoluer en désaccord avec elle. Ce désaccord résulte de la tentative de manipulation de la Nature pour qu’elle se conforme à l’agenda des désirs humains.
Nous avons tué d’innombrables êtres vivants et détruit de gigantesques parties des écosystèmes pour construire ce que nous appelons notre “développement”, notre “civilisation”.
Les êtres humains ont enfin commencé à se rendre compte qu’ils finiront par disparaître si l’environnement naturel périt tout comme les cellules cancéreuses périssent en même temps que leur hôte.
Nous nous sommes mis à comprendre que nous partageons une seule vie avec la nature et avec tous les êtres. La société est en train de s’éveiller à la réalité de l’impermanence et de l’interdépendance, aux deux lois des naissances et morts et des causes et conditions, vérités que le Bouddha a enseignées.
Lorsque nous revenons au fonctionnement harmonieux en tant que partie de la nature, au réseau de toutes les choses en tant que partie de l’incommensurable, à l’universelle réalité, nos vies individuelles sont équilibrées et salutaires.
Telle est la voie du zen.