Lu dans “Réaliser Genjôkôan” (*)
Lorsque [en zazen] nous abandonnons la pensée, le sujet et l’objet ne sont qu’un. Il n’y a personne pour évaluer et rien pour recevoir l’évaluation. A ce moment-là, seule la manifestation de la réalité existe et la manifester inclut nos illusions. Lorsque nous sommes assis, nous tenant droit, gardant les yeux ouverts, respirant par le nez et lâchant les pensées, la réalité se manifeste. Voilà Genjôkôan.
Par contre, dans notre vie quotidienne, nous ne pouvons pas simplement abandonner la pensée de cette manière: afin de vivre, il nous faut faire des choix en nous servant de nos cartes conceptuelles incomplètes du monde. Et pour pouvoir choisir, nous devons distinguer entre le positif et le négatif. Pourtant, la pratique de zazen peut nous aider à comprendre que nos images du monde et nos valeurs sont biaisées et incomplètes. Le comprendre nous permet d’être flexible. Etre flexible signifie que nous pouvons écouter les opinions des autres tout en sachant que leurs préjugés sont simplement différents de nôtres, selon les circonstances et conditions de leurs vies. Lorsque nous pratiquons ainsi, nos points de vue s’élargissent et il nous est plus facile de nous harmoniser avec autrui.
En étudiant continuellement la nature de la réalité du Dharma dans son sens universel, et en nous éveillant à nos propres préjugés, nous continuons d’œuvrer pour corriger nos vues faussées.
Voilà comment le fait d’abandonner la pensée pendant zazen guide la pratique dans la vie quotidienne. (…)
* Genjôkôan (Réalisation en tant que présence – Actualisation du point fondamental) – de maître Dôgen
Le Genjō kōan est le premier chapitre de la compilation originale du Shōbōgenzō (“Le Trésor de l’Œil de la Vraie Loi”), le chef d’œuvre du maître zen japonais Dōgen, écrit en 1233.